Le FUNCINPEC commet alors l'erreur de préciser publiquement, sans en avoir référé auparavant à Khieu Samphân, que l'accord prévoit l'exil de Pol Pot, Ta Mok et Son Sen. La radio khmère rouge dément aussitôt l'accord. Les purges désorganisent gravement la production de riz, et la mortalité est élevée, y compris dans le sud-ouest dirigé par Ta Mok. Une autre continuité allait être que contrairement au discours officiel, le pouvoir restait concentré entre les mains d'un groupe restreint de personnes. La situation pousse les différentes parties cambodgiennes à négocier, et en décembre 1987, le premier ministre de la République populaire du Kampuchéa, Hun Sen, rencontre Norodom Sihanouk à Fère-en-Tardenois, en France. Le surnom « Khmers rouges » leur a été attribué par Norodom Sihanouk dans les années 1950 et est utilisé couramment, en français, à travers le monde[note 1]. Il l'invente en opposition à d'autres dénominations politiques déjà existantes comme les Khmers roses pour le Parti Démocrate, les Khmers bleus pour le Parti Républicain, ou les Khmers blancs pour les Royalistes. Les États-Unis cherchent avant tout à se retirer du bourbier de la guerre du Viêt Nam, alors que les Khmers rouges, en position de force, refusent toute négociation[70]. Nuon Chea, principal orateur, souligne la nécessité de rendre les gens « purs », et de débusquer et tuer tous les « espions »[87]. « Histoire / Littérature générale. Les Khmers rouges bénéficient du soutien d'un ensemble de pays qui souhaitent chacun gêner le Viêt Nam et, indirectement, son protecteur soviétique. Mais beaucoup le payeront de leur vie[208]. À partir de 1981, les Khmers rouges présentent un profil idéologique plus flou, leur nouveau parti s'affirmant « socialiste démocratique » et non plus communiste. Témoin de nombreuses scènes dramatiques, il les reconstruit dans les années qui suivent la fin du régime dictatorial des khmers rouges. En 1970 et 1971, les Khmers rouges servent surtout de force d'appoint aux communistes vietnamiens actifs au Cambodge. Une répression impitoyable est mise en place pour mater la rébellion dans l'est : So Phim, responsable de zone, a pour instruction de « torturer férocement » les chefs des insurgés[61]. Et l'assentiment des Etats-Unis opposés au régime de Hanoï. Philip Short, biographe de Pol Pot, qualifie quant à lui leur approche du communisme d'« illettrée, quasi mystique » et voit une analogie entre l'anéantissement de l'individu imposé par les Khmers rouges et celle préconisée par le bouddhisme theravāda. On supprime également les adjectifs possessifs et les pronoms personnels de la langue, éliminant par le fait même la propriété privée (une des missions principales du parti communiste Angkar Padevat)[65]. La plupart des observateurs et des acteurs politiques cambodgiens présument alors que les trois hommes, mystérieusement disparus, ont été tués par la police de Sihanouk[22] et l'annonce de leur présence aux côtés des Khmers rouges passe, un temps, pour une manipulation : surnommés « les trois fantômes », Khieu Samphân, Hou Yuon et Hu Nim sont présentés comme les dirigeants du mouvement, auquel ils donnent une aura de respectabilité. Ils l'ont ensuite coupée en morceaux. Il est à noter toutefois que durant cette période, le terme socialisme sera rarement utilisé et que, même si la nature communiste du régime du Kampuchéa démocratique ne faisait de doute pour aucun observateur, jusqu'en 1977 l'existence même du PCK restera cachée en dehors des cercles proches du comité central[218]. En juillet, Pol Pot installe son nouveau quartier général, le Bureau 131, sur le flanc du mont Thom. Les États-Unis et le Royaume-Uni imposent d'autre part un embargo aux lourdes conséquences pour l'économie cambodgienne[151]. Saloth Sâr (futur Pol Pot), le rejoint quelque temps après sa formation[8]. : Cambodia in the shadow of genocide, Le Siècle des génocides: Violences, massacres et processus génocidaires de l'Arménie au Rwanda, Accusations de cannibalisme au procès des Khmers rouges, Il y a 30 ans, le premier procès au monde pour génocide, « Mais où sont les complices des Khmers rouges ? En avril 1974, le comité central du Parti communiste du Kampuchéa envoyait à ses cadres un programme de résistance à long terme. Phạm Văn Đồng, Premier ministre du Nord Viêt Nam, se rend à Pékin et rencontre Sihanouk, lui demandant s'il est prêt à coopérer avec les Khmers rouges. Pour ce faire, le PCK espère recruter, au besoin par la force, des troupes fraîches. Il est placé sous la présidence de Son Ngoc Minh, chef du gouvernement indépendantiste cambodgien. Tandis que le gouvernement khmer rouge dénonce la razzia de ses citoyens, les Vietnamiens affirment que les Cambodgiens se sont réfugiés d'eux-mêmes[118]. À l'origine, le parti est destiné à constituer le noyau dirigeant de la tendance communiste des Khmers issarak. À la fin de la guerre, les "Khmers Việt Minh" se rendent ou s'exilent dans le Nord Vietnam, c'est le cas de Son Ngoc Minh. Le Pracheachon se présente à plusieurs scrutins électoraux, mais l'opposition à Sihanouk fait l'objet de mesures d'intimidation continuelles. Retrouvez l'émission en réécoute gratuite et abonnez-vous au podcast ! Lors de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges en 1975, l’enfant de 9 ans est évacué vers les champs, à la lisière de la Thaïlande, où il effectuera des travaux forcés comme l’ensemble des citadins. Le terme “khmer” signifie les habitants du Cambodge. Il affirmera également que s'il avait pu prévoir l'oppression qui allait être la norme du Kampuchéa démocratique, il se serait sûrement abstenu de publier son témoignage[50]. Il comprenait deux phases. Pen Sovan, membre des Khmers issarak, a rejoint les Khmers rouges durant la guerre civile cambodgienne, mais est ensuite retourné au Nord Viêt Nam en 1974, avant leur prise de pouvoir ; il a été brièvement, en 1981, premier ministre de la République populaire du Kampuchéa. En septembre 1975, Sihanouk séjourne à Phnom Penh durant trois semaines, est reçu avec tous les égards, et repart satisfait. Vorn Vet est vice-premier ministre chargé de l'économie, Ieng Sary des affaires étrangères, et Son Sen de la défense nationale. À partir de 1962, la direction nationale du parti (dite également « Centre »[16]) passe pour l'essentiel sous le contrôle des anciens étudiants parisiens[17]. Le 1er janvier 1979, le gouvernement du Kampuchéa démocratique commence à planifier son évacuation[124]. Dans les zones est, où les opuscules s'inspiraient des modèles vietnamiens, un tract intitulé Moralité des combattants révolutionnaires détaillait une liste en douze points proche de celle des communistes chinois. Les seuls citoyens de « plein droit » se trouvent dans le « peuple de base », soit les habitants des zones tenues depuis plusieurs années par les Khmers rouges[97]. Il était le "Frère numéro deux" du régime des Khmers Rouges au Cambodge : Nuon Chea est mort ce dimanche à l'hôpital de l'Amitié khméro-soviétique de Phnom Penh, a annoncé un porte-parole de la justice cambodgienne. L'APRONUC renonce finalement à organiser le scrutin dans les zones sous leur domination[160]. Pour Jean-Louis Margolin, « les dirigeants Khmers rouges étaient des praticiens bien plus que des théoriciens : ce sont les expériences de « socialisme réel » qui les passionnèrent vraiment »[203]. À son retour au Cambodge en 1953, Saloth Sar s'engage aux côtés des Việt Minh notamment et du Parti révolutionnaire du peuple khmer dans les maquis près de Kampong Speu, puis à l'est du pays. La zone est du pays, qui compte 1,7 million d'habitants à la mi-1976, dont 300 000 « peuples nouveaux », est le secteur le moins pénible, les Khmers rouges s'y montrant moins brutaux qu'ailleurs et les exécutions étant nettement moins nombreuses. Déclaré persona non grata par la république khmère, il franchit clandestinement la frontière khméro-thaïe début février et rejoint une zone aux mains de la guérilla à une demi-heure de Phnom Penh[44]. Le 29 décembre, Khieu Samphân et Nuon Chea présentent leurs excuses pour les morts des années 1970 et déclarent « Les Khmers rouges, c'est fini ! Enfin, le texte se concluait en décrivant la conduite exemplaire que se devait d'avoir tout bon révolutionnaire. En 1988, Sarin se rappelait que Ta Mok dans un discours interne recommandait d'éliminer secrètement les amis numéro sept chaque fois que c'est possible et que même Non Suon, pourtant un ancien du Parti communiste indochinois, tient lui aussi des propos viscéralement vietnamophobes en privé[49]. Son témoignage confirme que les Vietnamiens opèrent bien masqués, que Sihanouk reste populaire et que l'union dont se prévaut le FUNK n'est que de façade. Dans les camps de réfugiés cambodgiens, la situation demeure critique. Le 17 avril, les troupes des Khmers rouges entrent dans Phnom Penh[77], treize jours avant la chute de Saïgon. Il prévoit l'évacuation de toutes les villes, l'abolition de tous les marchés, la suppression de la monnaie du régime de Lon Nol et le retrait de la monnaie révolutionnaire tout juste créée par les Khmers rouges, la sécularisation de tous les moines bouddhistes et leur mise au travail dans les rizières, l'exécution de tous les dignitaires du régime de Lon Nol, la création dans tout le pays de coopératives avec repas communaux, l'expulsion de la minorité vietnamienne et l'envoi de troupes à la frontière orientale. C'est la première fois depuis sa création en 2003 que le tribunal chargé de juger les Khmers rouges à Phnom Penh reconnaît d'anciens haut-dignitaires du régime comme responsable de crimes qualifiés de génocides. Quelques mois plus tôt, le GRUNK avait signé un accord commercial avec la Chine. Dans ce contexte, les rapatriés figuraient en « bonne » place parmi les premières victimes des purges, d'abord secrètes, qui s'abattirent sur les maquis cambodgiens à partir de la fin de 1971[35]. De 1975 à 1979, il dirigeait le centre de torture … Entre 1975 et 1979, le PCK voudra exercer un pouvoir absolu et mettre en place une société. En secret, le FUNCIPEC négocie le ralliement de la faction basée à Pailin, et dirigée par Ieng Sary, beau-frère de Pol Pot. Deux mois plus tard, Ith Sarin, un jeune inspecteur des écoles de 29 ans, révolté par les abus de la République khmère, rejoint les maquis. Khieu Samphân, revenu en 1959 au Cambodge, occupe un poste universitaire et dirige un hebdomadaire d'opposition de gauche, L'Observateur, ce qui lui vaut d'être passé à tabac en pleine rue par des hommes de main de l'appareil d'État. En mai 1970, les forces armées sont rebaptisées « Forces armées populaires de libération nationale du Kampuchéa » (FAPLNK)[28]. En novembre 1970, Saloth Sâr et Nuon Chea passent une semaine avec les responsables nord-vietnamiens pour la zone cambodgienne : ces derniers acceptent de retirer leurs cadres civils des « zones libérées » dès que possible pour laisser la place à des administrateurs khmers rouges, et d'accroître le rôle militaire de ces derniers au Cambodge[38]. Les Khmers rouges ont apporté leurs propres modifications à la langue khmère afin d'avoir un impact psychologique sur la pensée de la population[65]. Par exemple, le mot oui n'était pas le même chez les femmes que chez les hommes et chez le peuple et la famille royale. Un juge face aux Khmers rouges raconte de l’intérieur les arcanes de cette aventure judiciaire hors du commun faisant suite à l'une des pires tragédies du siècle. Le premier procès de l'histoire contre un ancien dirigeant khmer rouge s'est ouvert le 17 février à Phnom Penh. Le Cambodge est ainsi divisé en six zones : les zones sud-ouest, est, nord-est, nord, nord-ouest, et une zone spéciale autour de Phnom Penh. Le parti a été remplacé en 1981 par le Parti du Kampuchéa démocratique. En juillet, les forces armées du nouveau régime reprennent le nom d'Armée révolutionnaire du Kampuchéa, chaque responsable de zone remettant officiellement son autorité entre les mains du Comité central[89]. L'historien David Porter Chandler (en) pour sa part affirme que si la révolution a tué tant de personnes, elle le devait moins à un manque ou à un excès de marxisme-léninisme, même si dans le Kampuchéa démocratique cette doctrine allait se révéler dévastatrice, qu'à so many counterrevolutionary ideas among rulers and ruled, so much poor leadership and so much counterrevolutionary behaviour (« tant d'idées contre-révolutionnaires parmi les dirigeants et les dirigés, une si faible direction et tant de comportements contre-révolutionnaires »). Le Centre affirme par contre son contrôle direct sur la zone nord-ouest, où les purges, puis les attaques contre les populations ordinaires se multiplient en 1977. Aucun dirigeant notable n'a laissé de recueil d'écrits, ce qui peut rendre complexe l'identification des racines idéologiques précises du mouvement Khmer rouge. Le régime du Kampuchéa démocratique cherche à rééduquer l'ensemble de la population pour détruire l'idée de propriété privée et tous les repères culturels rappelant l'ancienne société. Saloth Sâr séjourne également à Pékin, en république populaire de Chine, en décembre 1965, et décide à cette occasion de se rapprocher des Chinois, dont il se sent politiquement et stratégiquement plus proche. Sous le régime des Khmers rouges, il est nommé chef d'État mais cela est uniquement symbolique puisque Pol Pot exerce le réel pouvoir. En octobre, Vorn Vet participait à une formation politique de plusieurs jours. Le document déplorait que les fermiers soient privés de leurs « droits de vote, d'étudier, de lire des livres progressistes et de voyager librement pour gagner leur vie ». Dans de nombreux endroits du pays, les Khmers rouges sont d'abord bien accueillis par la population locale, qui se réjouit de l'arrêt des combats et du retour à la paix[78]. Les Khmers rouges continuent de fonctionner selon une logique du secret, ne révélant ni l'identité de leurs véritables dirigeants, ni même l'existence du Parti communiste du Kampuchéa. Entre 1975 et 1979, les dirigeants khmers rouges nommèrent leur régime politique : le Kampuchea démocratique. En pleine guerre d'Indochine (1949-1954), et toujours pendant le Protectorat français au Cambodge (1863-1953), le Việt Minh communiste doit réorganiser ses alliés cambodgiens et laotiens pour subvenir aux besoins lors des nombreuses guérillas locales. En décembre 1981, Pol Pot et Nuon Chea décident de dissoudre le Parti communiste du Kampuchéa, afin selon eux de pouvoir « s'unir avec d'autres forces nationales »[143]. Les Khmers rouges étaient au pouvoir depuis seulement quatre ans, mais le pays n’a pas encore complètement récupéré. Le Programme d'Étude sur le génocide cambodgien de l'université Yale évalue le nombre de victimes à environ 1,7 million[6], soit plus de 20 % de la population de l'époque. Une brève incursion sur le territoire cambodgien a lieu entre le 31 décembre 1977 et le 6 janvier 1978 : lors de leur retrait, 300 000 Cambodgiens en profitent pour quitter le pays dans le sillage des troupes vietnamiennes. Dans le même temps, la tension entre le FUNCINPEC et le PPC atteint de tels sommets que plusieurs responsables du parti de Norodom Ranariddh décident de s'allier avec plusieurs autres partis, dont les Khmers rouges. Plus de 10 000 personnes périssent des suites de l'évacuation de la capitale. Cette histoire c’est celle des Khmers rouges, de Pol pot et de l’Angkar qui en moins de 4 ans ont mis à genou tout un pays et dans la tombe une grande partie de ses habitants. Achetez neuf ou d'occasion Lorsqu’on vient à Phnom Penh c’est surtout pour découvrir l’histoire du pays et surtout le règne terrible de la dictature des Khmers rouges de 1975 à 1979. Ieng Sary, Ieng Thirith et Pol Pot jouent un rôle clé dans le durcissement politique et les purges : durant l'été 1977, quarante responsables de la zone nord-ouest sont arrêtés. L’ancien camp S21, au centre de Phnom Penh, est aujourd’hui le musée du Génocide. Puis c'est Keo Meas, no 6 dans la hiérarchie du Parti communiste du Kampuchéa, qui est arrêté en septembre 1976 ; lui aussi meurt en captivité à Tuol Sleng. Ailleurs on tente de saisir l'équipement des troupes du Việt Cộng qui se retirent. Pol Pot, par la suite, ne reconnaît que « quelques milliers » de victimes dues à « des erreurs dans l'application de notre politique consistant à donner l'abondance au peuple », tout en chiffrant par ailleurs à 600 000 le nombre de victimes de la guerre civile[110]. La vie interne du régime du Kampuchéa démocratique et du mouvement khmer rouge est aussi marquée par les purges à l'intérieur de l'appareil : arrestations et exécutions se succèdent, sans le moindre procès. Les étudiants communistes cambodgiens, parmi lesquels on trouve Son Sen et Khieu Samphân, étudient les textes de Karl Marx, Lénine ou Staline[9]. Il défend le nouveau régime en octobre devant l'Assemblée générale des Nations unies[90]. Le 17 avril 1975, ils prennent Phnom Penh et instaurent la République démocratique du Kampuchea. En 1964, Saloth Sâr obtient d'établir le camp des Khmers à l'écart de celui des Vietnamiens. Plus de mille Cambodgiens expatriés, intellectuels et membres de professions libérales, revenus au pays après la révolution, sont considérés comme suspects du fait de leur statut social, et envoyés en camp de travail[95],[96]. Les Khmers rouges provoqueront leur propre chute en livrant une véritable guerre à la minorité vietnamienne du Cambodge, ce qui mènera à l’invasion de ce pays par l’armée Vietnamienne en décembre 1978. Le vrai pouvoir demeure cependant entre les mains de Saloth Sâr, de Nuon Chea, de Son Sen et de l'entourage de ces derniers, qui demeurent éloignés du devant de la scène. La région 33 dans la zone sud-ouest, l'un des sanctuaires les plus durs de la zone khmère rouge pendant la guerre de 1970-1975, est régie par un système d'espionnage et de terreur : les anciens soldats de Lon Nol et les « riches » sont abattus[98]. Les personnes qui suivaient ce cursus étaient de ce fait mieux armés pour le combat et la lutte révolutionnaire que ceux déjà sur le terrain ; cet aspect ne pouvait qu'alimenter un ressentiment qui allait bientôt s'exprimer avec violence[34]. Dans la zone 25, près de Phnom Penh, par exemple, les cadres locaux demandent à leurs troupes de faire preuve d'internationalisme de discipline et d'éthique « révolutionnaire » tout en s'abstenant d'actes de vengeance ou de menaces contre les Vietnamiens. Rarement un peuple a connu un tel enfer surtout quand le diable en personne décide de tuer son propre peuple. Les Cambodgiens refusant d'abandonner leurs maisons sont souvent abattus, ou tués dans la destruction de leurs logis[85]. À travers tout le pays, dix mille villageois quittent leurs foyers pour rejoindre les rebelles. Khieu Samphân remplace Norodom Sihanouk comme chef de l'État, avec le titre de Président du Presidium[93]. En 1977, cependant, la situation alimentaire s'y dégrade[103]. Les nouveaux venus étaient de ce fait appréciés pour leur enseignement et leurs connaissances, mais les dirigeants les soupçonnaient de travailler pour Hanoï. Eux-mêmes n'utilisaient pas ce terme. Le 15 avril 1998 mourait Pol Pot. En juillet, Tou Samouth disparait, probablement arrêté, torturé et tué par des hommes du général Lon Nol, ministre de l'Intérieur de Sihanouk. Ils font tous partie de l'Association des étudiants khmers de France (AEK) qui prend en charge et aide tout ressortissant cambodgien venu y faire ses études. La volonté du Viêt Nam d'assurer le leadership des pays de la région accroît encore les tensions. Les derniers partis politiques créés par les Khmers rouges dans les années 1990 se sont principalement présentés comme des partis de solidarité et d'union nationale, en conservant surtout l'opposition au Viêt Nam en guise de ligne idéologique[229]. Ils l'ont ensuite coupée en morceaux. La défense a cependant indiqué vouloir faire appel de la décision du tribunal. Les soldats khmers rouges qui entrent dans la capitale cambodgienne le 17 avril comptent notamment de jeunes adolescents, des paysans n'ayant jamais visité de ville, et des guérilleros ayant vécu durant des années dans la jungle[82]. Les troupes de Pol Pot se dispersent, et lui-même est capturé le 18 juin[173]. Récit », 5 novembre 1986, 433 p. (ISBN 978-2-01-012184-5) Ong Thong Hoeung, J'ai cru aux Khmers rouges : retour sur une illusion, Buchet/Chastel, coll. Le premier procureur international, le canadien Robert Petit, a démissionné en regrettant l'intervention des « autorités non judiciaires ». Décidés à se débarrasser à terme de la tutelle vietnamienne, les dirigeants khmers rouges rebaptisent secrètement leur parti, en octobre 1966, du nom de Parti communiste du Kampuchéa, seuls les membres du Centre étant au courant de ce changement. Tout en se rapprochant progressivement, sur le plan international, du camp communiste et notamment de la république populaire de Chine, Sihanouk réprime l'opposition de gauche cambodgienne et compromet tout développement électoral des communistes locaux. Le 17 avril 1975, Phnom Penh, capitale du Cambodge, est envahie par de longues cohortes d'adolescents maigres et hagards, tout de noir vêtus et lourdement armés.. Il s'agit de l'armée des communistes cambodgiens. Dans le même ordre d'idée le concept d'Angkar toute puissante et infaillible dont l'intérêt doit passer avant celui des simples mortels, présente de nombreuses similitudes avec le Bouddha, mais également avec la plupart des divinités des autres religions de la planète[226]. Il existe néanmoins des analogies entre le mode de vie imposé aux Cambodgiens et les règles monastiques auparavant en œuvre dans les pagodes. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette préférence accordée par les Vietnamiens aux Khmers rouges dissidents : ceux-ci se seraient montrés moins sensibles à la corruption financière que les anciens Khmers issarak ; ces derniers, ayant généralement vécu des années au Viêt Nam, auraient eu une meilleure connaissance des réalités politiques vietnamiennes et par conséquent une plus grande capacité de tenir tête à leurs protecteurs ; enfin, les Khmers rouges dissidents, ayant le plus à perdre d'un retour de Pol Pot, auraient été jugés plus dociles[134]. L'historien Ben Kiernan résume l'idéologie khmère rouge comme un mélange de « stalinisme mal digéré » et de « maoïsme inspiré par l'expérience du Grand Bond en avant », le tout associé à un projet racial d'épuration ethnique, sous-tendu par une véritable « obsession raciale » chez Pol Pot[216]. Le Kampuchéa démocratique n'a officiellement pas de prisons, mais les « centres de rééducation » se multiplient à travers le pays. Le prince Norodom Ranariddh (FUNCINPEC et fils de Sihanouk) devient ainsi « premier Premier ministre », alors que Hun Sen (Parti du peuple cambodgien) est nommé « deuxième Premier ministre ». Le 17 février 1979, la Chine procède à une invasion du nord du Viêt Nam dans le but proclamé de donner une leçon aux Vietnamiens. Les deux témoignages montrent que les idées et le mode de fonctionnement khmers rouges sont déjà plus qu'ébauchés à la fin de 1972.