Chapitre 1 : Histoire, idées et politique §1 : L'histoire a/ Temps et Histoire Saint Augustin, Les Confessions (401 ap JC), est l'un des pères de l'Eglise, l'un des fondateurs de la dogmatique chrétienne. Frédéric Lambert, Introduction à l'histoire des idées politiques 19e-20e siècles, Armand Colin, 2000 La recherche de la vérité tend à l’intériorisation. à vrai dire, l'idée de faire de ce monde purement et simplement le royaume de Dieu est une hérésie pour le chrétien » éd. Partiel : 1h 30 avec quatre questions de cours (uniquement sur le cours) ... La justification de Saint Augustin dans La cité de Dieu est essentielle. On peut voir un écho de ces préoccupations dans son intérêt pour la théorie des deux glaives (note 20). La permanence de la primauté pontificale sur l’Église ne doit pas être confondue avec l’expression d’une théocratie pontificale, gouvernement du monde par Dieu au moyen du pape, son plus haut représentant. 62 Josseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'état, Paris, 1946. La notion d'augustinisme politique a été proposée par Henri-Xavier Arquillière [1] en 1934 dans L'Augustinisme politique, essai sur la formation des théories politiques au Moyen Âge [2].Il s'agissait pour l'auteur de ce concept de circonscrire sous ce terme des interprétations médiévales de l'œuvre de saint Augustin qui auraient déformé sa pensée. Pratiques sociales, économie et culture matérielle, La querelle des corps. Caractères généraux du XIIIe siècle: 185: CHAPITRE V - SAINT THOMAS D'AQUIN ET SON ÉPOQUE: 185: 2. 21Henri-Xavier Arquillière présente l'histoire de l’Église comme structurée, voire déterminée, par son opposition avec les puissances séculières50. ISO 690: FR: Copier Nemo Philippe, « Chapitre 3. Pour une grande part, l’histoire des idées, le développement des institutions et l’évolution des faits convergent autour de ce problème.» H.-X. ), Trends in medieval political thought, Oxford, 1965, p. 1-2. 12 « Charlemagne réalise inconsciemment dans les faits l’augustinisme politique, lui donne force et consistance, consacre l’élimination de la vieille notion de l’État indépendant et distinct de l’Église » H.-X. Pour sa propre époque, Arquillière envisage la possibilité de gouvernants ayant dans leur for intérieur la conscience des commandements divins qui guideraient ainsi leurs actions75. 20Arquillière fait l’étude d’une pensée qu’il souhaite morte, alors que le cardinal jésuite Henri de Lubac (1896-1991) dénie cette mort en expliquant qu’il y a eu erreur dans l’identification du cadavre et que celui-ci n’est pas si laid qu'on le dit, bien au contraire, et que la théocratie n'est pas une implication nécessaire de saint Augustin. Arquillière pense découvrir un fait historique en la personne de l'augustinisme politique, il envisage ce concept interprétatif comme une réalité historique tangible10 dont il s'agit de relever les présences tout au long du Moyen Âge. Auteurs chrétiens de début a fin V/VIe siècle qui donnent une réflexion politique qui nourrit la réflexion occidentale. Mais, la même année, Théodose doit abandonner la P… Saint Augustin est au cœur du livre posthume de Michel Foucault Les Aveux de la chair, qui vient de paraître chez Gallimard. 16Cependant, cette opposition entre Gilles de Rome et Jean de Paris, qui aurait cristallisé et figé les caractéristiques de ces deux positions idéologiques, n’apparaît qu’au prix d’une lecture superficielle des textes et d'une simplification des théories41. A partir de ce moment, la vie d’Augustin se confond avec l’activité qu’il exerce comme prêtre puis comme évêque d’Hippone (395). - E. Meiskins Wood entend construire une nouvelle histoire des idées politiques, qui prenne en compte les contextes économiques et sociaux au sein desquels elles se développent. 11 L'idéologie politique de l'époque de Grégoire IV, qui a obligé l'empereur Louis le Pieux à faire pénitence, a été notamment étudiée par l'abbé Bressoles, élève d’Arquillière dans son ouvrage sur Agobard de Lyon. 28 « Le sens augustinien de la paix, œuvre religieuse par excellence, transformait ces évènements en actes d’accusations, en griefs mystiques contre Hildebrand, fauteur cruel et volontaire des troubles, des dissensions et des batailles » Idem p. 362-363. où il a influencé et dirigé de nombreux historiens dont les travaux centrés sur l'augustinisme politique ont contribué à lui donner une force d'évidence. Il s’est d’ailleurs acharné à économiser pour payer leurs études tandis que leur mère n’a eu de cesse d’essayer de les convertir. Frédéric Lambert, Introduction à l'histoire des idées politiques 19e-20e siècles, Armand Colin, 2000 C’est dans un jardin de Milan que lui vient la révélation. Retour sur un malentendu français, Bilan et perspectives. 47 Nicolas Jung, Un franciscain théologien du pouvoir pontifical au xive : Alvaro Pelayo, évêque et pénitencier de Jean XXII, Paris, 1931, p. 217. Participant activement à tous les grands conflits qui secouent l’Eglise d’Afrique, il produit en même temps une œuvre immense, à la fois philosophique et théologique. ». 4 « La doctrine du gouvernement du monde par Dieu au moyen de son plus haut représentant ici bas, de son suprême vicaire : le pape. Paris, Armand Colin, « U », 2016, p. 69-136. ), Catholicisme : hier, aujourd’hui, demain, Paris, 1948, p. 1046-1047 ; « Réflexion sur l’essence de l’augustinisme politique », Augustinus magister, vol. 21 Henri-Irénée Marrou, « Civitas Dei, civitas terrena : num tertium quid ? Cette conception doctrinale tendrait à absorber le droit naturel de l’État dans l’ordre supra-naturel de la justice de l’Église7. Chapitre I – La postérité chrétienne de Platon : l’augustinisme politique. L’approche de saint Augustin , paris, PUF, 2008. L'aristotélisme : preuve de l'augustinisme ? Il envisage l’influence augustinienne non pas « comme le grand évêque aurait voulu qu’elle s’exerça » (sic) mais comme elle s’est manifestée en fait. En 1926, il édite « le plus ancien traité de l'Église », le De Regimine christiano de Jacques de Viterbe, qu'il inscrit dans l'augustinisme politique, conçu alors comme une forme particulière d'ecclésiologie. Même l’orgueilleux et l’injuste connaissent le désir de paix, très proche du désir de vivre. 15 Ernst Bernheim, Mittelalterliche Zeitschauungen in ihren Einflluss auf Politik und Geschichtsschreibung, Tübingen, 1918 ; « Politische Begriffe des Mittelalters im Lichte der Anschauungen Augustins », Deutsche Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, 1896, p. 1-23. La faculté de juger des choses résulte de l’existence de soi « car si je me trompe, je suis, puisque l’on ne peut se tromper si l’on n’est ». 73 Voir sur cette question David Edward Luscombe, « Thomas Aquinas and conceptions of hierarchy in the thirteenth century », Miscellanea Mediavalia, 19, 1988, p. 261-277 ; Lawrence Moonam, Divine power. De ces travaux se dégage l'image d'un Augustin comme un penseur théocratique. 29 « nous n’en sommes plus aujourd’hui au temps où l’appétit de domination était l’explication totale et dernière de leur action et de leur prodigieux effort » H.-X. cit., p. 2. Dans ce dossier exceptionnel de L’Histoire les éclairages et témoignages des plus grands spécialistes. Dom Jean Leclerq39 et d’autres élèves de Mgr Arquillière, ont étudié l’œuvre de Jean de Paris dans la perspective de cette opposition entre aristotéliciens régalistes40 et augustinistes papalistes : l’aristotélisme de Jean de Paris constitue alors une preuve a contrario de l’existence d’un augustinisme politique au xive siècle. Arquillière, « Sur la formation de la théocratie pontificale », Mélanges d’histoire du Moyen Âge offerts à M. Ferdinand Lot, op. Pour lui, Grégoire VII est influencé par ce vague augustinisme, alors que Bernheim estime que la pensée de saint Augustin informe directement les théories papales20. Lui aussi, dans une perspective thomiste, considère La Cité de Dieu comme un traité de théologie politique. Arquillière, L’augustinisme politique, op. Essai sur sa conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934, p. 287. Ce mouvement de repli sur l’intériorité de la foi et son aspect de morale individuelle raisonnable provient en partie de l’influence du néo-thomisme. Ajoutez-le à votre liste de souhaits ou abonnez-vous à l'auteur Philippe Nemo - … L'historiographie dominante est alors très marquée par l'idée selon laquelle la redécouverte d'Aristote, qui a été le moteur de l'œuvre de Thomas d'Aquin, constitue une rupture fondamentale dans l'histoire intellectuelle occidentale. L'évêque français cherche ainsi à disqualifier l'hypothèse du protestant allemand en faisant de l'augustinisme politique une interprétation qui met au cœur du politique le concept de pax. En effet, la tendance à unifier les deux hiérarchies, spirituelle et temporelle, attribuée à l’augustinisme politique, se retrouve chez Thomas d’Aquin alors qu’elle apparaît en contradiction avec la pensée aristotélicienne73. Conclusioni », Gli studi di filosofia medievale fra otto e novecento, Rome, 1991, p. 391-406 ; Wayne J. Hankey, « Making theology practical : Thomas Aquinas and the ninetheenth century religious revival », Dionysius, 9, 1985, p. 85-127. 46 Pierre Mandonnet, Siger de Brabant et l’avérroisme, latin au xiiie siècle, Genève, 1976, p. 67. CH-1890 Saint-Maurice Abandonnant l’enseignement, il se retire avec quelques amis et rédige ses premiers dialogues philosophiques. Cette dernière désespérait même de voir Augustin de convertir au christianisme puisque dans les premiers temps, il s’est d’abord consacré à la philosophie avant de se convertir au mani… L’entreprise d’Arquillière s’inscrit dans un mouvement très général de recherche d’un catholicisme plus compatible avec la société, qui aboutira à la « révolution » de Vatican II (1962-1965)64. L’augustinisme politique se voit réduit à un contexte intellectuel, sans véritable force de pensée, utilisable selon les circonstances par quelques grands personnages conscients de leur mission historique44. 11Pour Arquillière, c'est à partir du pontificat de Nicolas Ier que se mettent en place les conceptions théocratiques, appuyées sur une déformation des textes de saint Augustin. Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né à Thagaste (actuelle Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354, mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba, Algérie), était un philosophe et théologien chrétien, évêque d'Hippone, et un écrivain romain d'origine berbère de … 10 « Ce pont nous pensons l’avoir trouvé dans les idées augustiniennes », H.-X. Arquillière mêle deux types de causalité historique tout en les hiérarchisant au profit de l'histoire des idées : la politique papale est alors « un des cas les plus saisissant, où paraît l’influence des idées sur les évènements historiques »13. 79 Voir également son Humanisme intégral. La revue Codex est disponible en kiosque ou via ce lien. Une histoire sociale de la pensée politique de l'Antiquité au Moyen-Âge, Lux. (2016). 45 « Il faut faire un pas de plus, et, en laissant à saint Augustin tout le mérite de ses conceptions plus larges, plus nuancées et beaucoup plus riches, il faut attribuer à l’augustinisme politique, pour une grande part, l’essor pontifical vers le sommet de la chrétienté », Ibid., p. 198. 14L’augustinisme politique, considéré comme une idéologie au service de la papauté, trouve un second souffle avec l’introduction des théories politiques d’Aristote dans l’Occident médiéval. 3 Pierre Riché, « Arquillière, Henri Xavier », in François Laplanche (dir. Arquillière, Saint Grégoire VII. Il s'agit de procéder à l’autopsie d’un cadavre, pour affirmer qu’il est bien mort, même si ce constat peut être teinté d’une touche de nostalgie pour « un tel idéal […] grandiose jusqu’à la chimère ». Il a également fait œuvre de vulgarisation à travers plusieurs manuels dont il dirigea la rédaction, en collaboration avec l'abbé Charles Jolivet. Héloïse: 146: 5. La pensée politique au Moyen Âge : de l’ordre chrétien à la « renaissance » philosophique », dans : , Histoire des idées politiques.La pensée politique occidentale de l'Antiquité à nos jours, sous la direction de Nay Olivier. L’apport juif à la construction du féminin, ou plutôt celui des saint-simoniens concernés par la culture juive, a été au cœur de notre travail de recherche. ), Dictionnaire du monde religieux contemporain, IX, Paris, 1996, p. 15-16. Marion, Jean-Luc, Au lieu de soi. Le concept d'augustinisme politique forgé par Arquillière dans les années 1930 met en jeu une vision particulière de l'histoire de l'Église et de ses rapports avec les pouvoirs temporels. Il a été élaboré par des penseurs néo-thomistes qui cherchaient à présenter une vision ecclésiologique compatible avec l'affirmation d'États-nations laïcs. La causalité historique, la lutte contre les pouvoirs temporels, devient alors l'excuse de ce dérapage intellectuel, de cette déviance par rapport à la pensée de saint Augustin. Augustin Fliche, La Réforme grégorienne, Paris, 1925. cit., p. 32. Il a été élaboré par des penseurs néo-thomistes qui cherchaient à présenter une vision ecclésiologique compatible avec l'affirmation d'États-nations laïcs. 13Le concept d’augustinisme politique permet à Arquillière d’expliquer un des problèmes centraux du Moyen Age : le renversement du rapport de domination33 que l’on avait jusque là attribué aux manipulations des Fausses Décrétales et de la Fausse Donation de Constantin34. Les éditions Belin rééditent au format de poche plusieurs études biographiques de savants. par Michel Winock dans L’Histoire n° 323. 41 Cette opposition est aujourd'hui largement remise en cause. L’augustinisme politique serait la tendance à penser la réalisation de la cité de Dieu, concept mystique, dans un empire théocratique9, institution politique. An ancyclopedia, Cambridge, 1999, p. 657. Il s'attaque à la légende noire du catholicisme57, mise en jeu au début du xxe siècle avec les débats sur l'Inquisition58, pour contester l'image d'une tradition dogmatique univoque et incompatible avec la société contemporaine : « la tolérance civile a été revendiquée enfin sur la base d'une distinction mieux comprise entre l'Église et l'État. 55 Voir De la tolérance à la liberté religieuse. La papauté, confrontée à la formation d’États laïcs a cherché à proposer à la chrétienté une sécularisation plus compatible avec les évolutions de l’époque tout en renforçant son centralisme ecclésiologique65.